Louise Guittard
DessinsDessiner l'écoulement du temps
...Au lieu d'une vision à l'exclusion des autres,, j'eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mot, corde qui indéfinimnt se déroule sinueuse, et, dans l'intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans.
Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps. Comme on se tate le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparait lorsque, le soir venu, repasse( en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour.
Dessin cinématique.
Je tenais au mien, certes. Mais combien j'aurai eu plaisir à un tracé fait par d'autre que moi, à le parcourir comme une merveilleuse ficelle à noeuds et à secrets, où j'aurais eu leur vie à lire et tenu en main leur parcours.
Mon film à moi n'était guère plus qu'une ligne ou deux ou trois, faisant par-ci par-là rencontre de quelques autres, faisant buisson ici, enlacement là, plus loin livrant bataille, se roulant en pelote ou_ sentiments et monuments mêlés naturellement_se dressant, fierté, orgueil, ou château ou tour... qu'on pouvait voir, qu'il me semblait qu'on aurait dû voir, mais qu'à vrai dire personne ne voyait.
Henri Michaux
métaphores
Gravure sur papier
Monde sensibleL'âme est seule au dessus du monde bleu
Un jour la terre en mouvement
De la terre belle et animale, sans espace.
Avec les tonss, les brises, l'odeur du sexe et les saisons
Et les rires qui comme les paroles ne reviennent plusEt les arbres dont le bord est majestueux
Et sous la chaleur immense les efforts
Du passager ou voyageur,Ne sont rien à l'âme obscure et qui se meut
Vers un autre pouvoiret vers une autre touche
D'adorationA l'intérieur de son aveugle ressort;
mais d'autres jours
Tout est un, et un en un
Et un en Dieu
Et Dieu présent dans le tronc d'arbre mort.Pierre Jean Jouve
Le somme
détail
Croquis